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19/07/2010

GINETTE AUX TÉTINS

Le morceau précédent est ici.

...Blaise-le-Bouseux, s’il avait un semblant de culture autre qu’agricole, pourrait se croire au milieu de la Tamise un jour de plein smog. Ce n’est pas le cas. Avant d’ouvrir les yeux, il sait qu’il est dans son étable avec les vaches qui meuglent comme des folles. À rendre jalouses des vuvuzelas mais il ignore ce que ce mot signifie. Il ouvre un œil, puis l’autre. Il gît sur une litière de paille fraîche. Il a été récuré et porte un caleçon propre. À portée de main, des vêtements repassés, des chaussettes, une paire de bottes. Il se rappelle les événements de la veille et du matin. Dans sa soûlographie, il n’a pas pu effectuer la traite matinale. D’un bond, il est sur pieds. Ça cogne un peu sous son crâne, comme si une locomotive silicosée en traversait le tréfonds, mais c’est supportable. Il s’habille en vitesse et, de la porte, se met à hurler.
...
« Ginette ! Gîîîînèèèèteuuuuuuu ! »
...
La boniche apparaît sur le seuil de la maison.
...
« Viens ici ! Immédiatement ! »
...
La jeune femme traverse la cour au petit trop. Dans l’étable, le Bouseux est déjà occupé à traire la première vache de la file qui en compte une douzaine.
...
« Qu’est-ce qu’elles ont à gueuler comme ça ?
...
— Z’ont mal au pis. Faut qu’tu m’aides pour la traite. On peut pas les laisser souffrir comme ça.
...
— Mais j’ai jamais fait ça !
...
— Pas difficile. Regarde : tu prends les tétins au ras du pis, tu serres un p’tit peu et tu descends. Puis tu passes aux deux autres. »
...
Des giclées blanches pssssitent dans le seau que Blaise serre entre ses genoux.
...
« Toujours bien tenir le seau sinon, un coup d’patte et c’est foutu. Prends-en un. Y a une autre sellote là. Au boulot ! Dès qu’c’est fini, j’termine ta chambre. »
...
Ginette s’exécute et s’éloigne vers la dernière vache de la stabulation.
...
« Nan ! Faut les faire dans l’ordre ! »
...
Ginette revient se placer entre le premier et le deuxième bovidé, tournant le dos à son patron. Elle s’assied sur le tabouret très bas. En écartant les cuisses pour y caler le seau, le dernier bouton de son tablier, trop collant pour ce genre d’exercice, saute. Elle essaye tant bien que mal de faire tenir les pans de son vêtement entre ses genoux et le seau. Pas évident. Gênée, elle s’efforce de ne pas rougir. Blaise ignore que ses dessous sont en train de sécher et qu’elle porte son tablier à même la peau. Elle commence son apprentissage. « Pourvu qu’il finisse ma chambre aujourd’hui. Ça me rappellera ma studette durant mes années à la Sorbonne… Faire une maîtrise en chimie pour en arriver à traire une vache avec un paysan lubrique dans le dos… J’aurais pas dû me laisser aller à faire toutes ces conneries… »
...
De son côté, le Bouseux fait le forcing. Dès qu’il en aura terminé avec la Brunette, il passera à la Juliette mais s’installera face à la Ginette, histoire de mater ses cuisses qu’il devine bien découvertes. Sa gueule de bois n’est plus qu’un mauvais souvenir. « Quand j’pense qu’elle m’a vu à poil, la garce ! » Dans son pantalon, la dilation a repris, signe qu’il est totalement rétabli.

Commentaires

Quel suspense ! Et avec toutes ces vaches aux yeux doux, on imagine le bouseux dans un état de rut indescriptible. Je le vois bien zoophile. À propos de zoophilie (et de viol de pastèques), ça me rappelle l'une des saynètes de "Night on earth", de Jim Jarmush. Roberto Benigni joue un chauffeur de taxi complètement azimutique qui raconte sa vie sexuelle à un curé. À la fin, le prêtre, il meurt.

Écrit par : Marc Bonetto | 19/07/2010

Le Bouseux a des défauts mais, non, pas zoophile. On n'est pas dans "Vase de noce" !

Écrit par : Éric | 19/07/2010

Suspense, oui !
Un coup de patte est si vite arrivé. Voilà qui lui réglerait son problème, à Blaise... ;-)

Écrit par : co errante | 19/07/2010

Tu es bien méchante avec Blaise, co...

Écrit par : Éric | 19/07/2010

Un coup de patte... J'en frémis ! On est donc si proche du dernier épisode ?

Écrit par : Marc Bonetto | 19/07/2010

On en est au 8ème morceau, Marc, donc au début de la seconde moitié.

Écrit par : Éric | 19/07/2010

encore "vachement" bien mené tout ça ! je viens de lire les 2 derniers d'un coup, trop bon !

Écrit par : Marlene | 19/07/2010

Merci, Marlène. Le 9ème morceau est prêt. Je le mettrai en ligne dans deux ou trois jours.

Écrit par : Éric | 19/07/2010

Le titre me rappelle "Marguerite au rouet", le sublime lied de Franz Schubert. C'est tout.

Écrit par : Marc Bonetto | 19/07/2010

Blaise se demande ce qu'est un lied et qui est Franz Schubert...

Écrit par : Éric | 20/07/2010

Ginette le lui dira. Sûr qu'avec elle, il se mettra à aimer Godard.

Écrit par : Marc Bonetto | 20/07/2010

Godard ? Et pourquoi pas Bergman ?

Écrit par : Éric | 21/07/2010

Parce que, si tu veux voir un film de Bergman, à la télévision française, c'est coton. Même Arte n'en diffuse qu'au goutte-à-goutte. Tu as le temps de crever, d'être enterré, de ressusciter des morts et d'aller danser la rumba. Tu préfères la samba ? Danse la samba. Et le tango corse, tu aimes ? Même en dévédé, faut se lever tôt. Tu cherches "Le septième sceau" ? Cherche bien, tu auras du mal à trouver. Même Picassov s'y casserait la dent. Peut-être au marché noir. Et encore. Au cinoche ? Autant de chance. À moins d'aller à Pantruche au moment d'une rétrospective. Moi, j'ai eu de la chance, l'an dernier, je suis tombé sur un cycle Tarkovski. Pour Ingmar, j'attendrai.

Marc, bergamnophile.

Écrit par : Marc Bonetto | 22/07/2010

Te tracasse pas, Marc : je suis plutôt bergmanophobe... Je préfère de loin les frères Coen ou Tarantino. Pas vraiment le même genre.

Écrit par : Éric | 22/07/2010

Les commentaires sont fermés.