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18/08/2010

AU MARCHÉ DU BOURG

Le morceau précédent est ici.

...C’est jour de marché. Quand Ginette arrive dans la cuisine pour y préparer le café et le petit déjeuner, elle découvre cinq poulets fraîchement décapités sur la table. Au-dessus de l’évier, trois lapins sont pendus par leurs pattes postérieures. D’une de leurs orbites énuclées, le sang plic-plique lentement. Le Bouseux entre, portant un seau rempli d’eau fumante duquel dépasse le cou d’un sixième gallinacé.
...« Regarde, dit-il à sa servante sans même la saluer, tu le laisses trois minutes dans l’eau bien chaude, pas bouillante ou tu cuis déjà la bestiole, puis tu arraches les plumes, comme ça. » Joignant le geste à la parole, en deux minutes, le paysan a plumé un premier poulet dont le plumage jonche le carrelage de la pièce. « Continue. J’m’occupe des lapins, on déjeunera après. »

...Un peu avant huit heures, Blaise débouche sur la place du bourg au volant de son antique tracteur. Quelques échoppes sont déjà dressées, d’autres en cours d’installation. Avec colère, il découvre que son emplacement habituel, juste devant le bien nommé Café de la Place, est occupé par un étal inconnu qui propose bijoux, sacs à main et autres foulards artisanaux. Il pile à vingt centimètres de l’échoppe et hurle au jeune chevelu qui vient de faire un bond en arrière : « T’as deux minutes pour déguerpir avec tes saletés ou j’défonce tout ! »

...Sur le coup d’onze heures, le Bouseux se frotte mentalement les mains – impossible de le faire physiquement car il tient un huitième ballon de blanc dans la dextre et se touche discrètement de la senestre. Devant lui ne reste qu’un poulet entouré de quelques légumes. La matinée a été bonne. Il exhibe un sourire béat à deux inconnus qui s’approchent de lui, leurs regards cachés derrière des verres miroirs comme on n’en trouve plus que dans les mauvais romans.
...« Bonjour, monsieur.
...— …
...— À tout hasard, auriez-vous vu cette jeune femme dans les environs ? »
...— Z’êtes de la police ?
...— Non. C’est une amie qui nous a donné rendez-vous ici mais elle est partie il y a quelques jours sans laisser d’adresse.
...— Nan, j’l’ai jamais vue dans l’coin.
...— Merci. »
...Intrigué, le Bouseux regarde les deux inconnus faire le tour de la place en montrant la photo. Il connaît les gens du coin, il sait qu’ils ne leur diront rien. Une demi-heure plus tard, son dernier poulet vendu et son dixième blanc avalé, il repart vers les Grands Prés. Il a toujours le sourire aux lèvres. Un genre de rictus.

Commentaires

Et nous voilà partis dans le polar. Décidément, ce Blaise nous en fera voir de toutes les couleurs.

Écrit par : co errante | 18/08/2010

Polar ou gore ? Toutes les options sont possibles : il n'y a pas encore de suite. Vu mon humeur, je la sens plutôt gore pour le moment mais ça peut, heureusement, changer

Écrit par : Éric | 18/08/2010

Si tu fais dans le sanglant, j'espère que tu n'hésiteras pas à mettre à contribution tous les moyens que l'on trouve dans une ferme : trayeuse électrique, poulies, désherbant, fil électrique, fil barbelé, sac de jute, pommes de terre, peaux de lapins, sans évoquer les pelles, pioches et autres tracteurs avec leurs instruments aratoires. Fais dans l'hénaurme. Moi, j'adore quand le sang pisse à gros bouillon, quand le bouillon se change en rivière d'un beau vermillon. Et vive le boudin noir !

Écrit par : Marc Bonetto | 19/08/2010

Purée ! Si je dois entrer tous ces éléments, ça va faire un fameux morceau !

Écrit par : Éric | 20/08/2010

ça tourne au noir comme un bel hématome !
ça commence à faire un beau morceau d'histoire tous ces épisodes mis bout à bout dis donc ! on s'y sent bien, on voudrait que ça continue (malgré le petit frisson d'angoisse) j'aime !

Écrit par : Marlene | 22/08/2010

La fin approche puisqu'il n'y aura que 14,52 morceaux et que celui-ci est le onzième. Je n'ai pas encore la moindre idée de comment ça va finir. Peut-être dans le sang pour faire plaisir à l'ami Marc. Franchement, je ne sais pas.

Écrit par : Éric | 22/08/2010

Les commentaires sont fermés.