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14/08/2010

NUIT CLAIRE

Le morceau précédent est ici.

...C’est pleine lune, celle qui rend les doux dingues complètement cinglés.
...
Dans son lit, Blaise-le-Bouseux se retourne, grommelle et ressasse, preuve qu’il est capable de faire trois choses en même temps, ce qui n’est pas donné à tout le monde. « La souillon ! Elle a réussi à m’faire payer les trois quarts de ses achats ! C’est pas possible ! Elle a mis l’diable en moi !... J’vois encore sa tête quand j’ai lu l’ticket d’la boutique de lingerie : soutien-gorge machin, soutien gorge bazar, string bidule, string truc, tanga chose… Si tu m’montres qu’i’ t’vont bien, j’te les paie aussi !... L’a pas osé, la poufiasse… C’est pas tout ça, d’main, c’est marché. Faut que j’prépare des poulets et deux, trois lapins. J’vais lui apprendre à plumer, même si elle sait déjà s’y prendre avec moi. Ça m’f’ra gagner du temps. L’a mis l’diable en moi, la garce…»
...
Dans sa pièce de deux mètres cinquante de large sur cinq de long, Ginette ne trouve pas non plus le sommeil. Pourtant, elle est bien fatiguée. Ces deux derniers jours, elle a mis le turbo pour les tâches ménagères et fermières afin de disposer de quelques heures pour aménager correctement sa chambre. Elle a repeint la pièce brunâtre : le plafond en blanc et les murs en rose pâle. Elle a déplacé contre le mur du fond le lit que le Bouseux avait monté près de la porte. Elle a posé deux verrous à l’huis en plus de la serrure qui ferme à l’aide d’une grosse clef : elle soupçonne son patron d’en posséder un double. Elle a repeint la table et les deux chaises. (« Pourquoi i’ m’a mis deux chaises ? I’ croit que j’vais l’inviter pour le thé ? ») Elle a garni la petite fenêtre d’une épaisse tenture pour annihiler toute tentative de voyeurisme dans le chef du paysan. Elle a arrêté à près de vingt-trois heures. Elle est liquidée et pourtant, le sommeil réparateur ne vient pas.
...
Soudain, elle entend un bruit étrange, comme un hurlement de loup. « Non, c’est pas possible ! Y a plus de loups en Creuse depuis des dizaines d’années ! » Elle allume sa lampe de chevet et va vérifier que les verrous sont bien poussés. Le cri de bête blessée retentit une nouvelle fois. Elle n’ose pas écarter la tenture pour regarder dehors. Elle retourne se pelotonner sur son lit, aux aguets, le regard rivé à la porte.
...
Si elle avait jeté un coup d’œil par la fenêtre, elle aurait pu voir le Bouseux, dans le plus simple appareil hormis ses bottes en caoutchouc, s’approcher furtivement de sa chambre et, tout obscénité, en serrant les mâchoires pour ne pas hurler une troisième fois, asperger de sa semence le bois protecteur. Son père lui a toujours dit que, comme les grands mâles, il devait marquer son territoire.
...
Il est près de trois heures quand Morphée remarque la tenue légère de Ginette et se décide enfin à la prendre dans ses bras.

Commentaires

De mieux en mieux : ça vire au conte fantastique avec le Bouseux transformé en garou. Dans un des prochains épisodes, aura-t-on droit à un sabbat avec bouc immolé, curé et nonnes lubriques, danses de sorcières, incantations à Satan ? Pense à convoquer le moine bourru (bourru et bourré) cher à Sganarelle.

Écrit par : Marc Bonetto | 15/08/2010

Pas dans le morceau suivant, Marc. Après, je ne sais pas encore.

Écrit par : Éric | 15/08/2010

Si j'étais une femme et si un homme ainsi vêtu se présentait à mon huis, je lui ouvrirais sur-le-champ. Mais je ne vivrai jamais une telle situation et je ne suis pas un femme, du moins, pas que je sache. Nul n'est parfait.

Écrit par : Marc Bonetto | 16/08/2010

Je n'est pas un l'huis...

Écrit par : Éric | 17/08/2010

Chaque épisode a son lot de surprises. Décidément, ce Blaise est bien surprenant. :-) Et moi, je dis : Bravo Ginette ! ;-))

Écrit par : co errante | 16/08/2010

Merci, co. Je ne sais pas non plus où vont le Bouseux et Ginette. Peut-être vers la fosse à purin...

Écrit par : Éric | 17/08/2010

Les commentaires sont fermés.