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26/10/2009

LA COURSE DES FANTÔMES

Au train-train et à ceux qui le poussent.

Huit heures du matin. Les fantômes sprintent pour un 54, un 63, un 29. Courent un peu plus loin pour un 71 et plus loin encore pour le métro. Les fantômes foncent vers un bus déglingué ou une rame pisseuse qui les emmène vers un immeuble blafard, un bureau terne, un boulot rebutant. Ils rencontrent des collègues fantômes, téléphonent, faxent, envoient des courriels à des fantômes éloignés, remplissent de fastidieux formulaires, rédigent d'ingrats rapports, examinent d'horripilants dossiers, obéissent aux ordres vexatoires de fantômes en chef.

Dix-sept heures. Les fantômes courent dans l'autre sens vers une gare puante pour attraper le train fétide de 17h18, 17h19, 17h20 ou 17h23 qui les ramène vers une lugubre destination, une rue morne, une maison chagrin. Là, ils mangent un repas fade en regardant un téléfilm creux, ont un feu follet d'orgasme avec un conjoint fantôme, dorment d'un sommeil trouble pour finalement arrêter la sonnerie d'un réveil bien réel et se lever pour une toilette mécanique, un petit dèj' insipide suivi d'une course fantôme vers...

Des fantômes. Même pas des spectres.

Commentaires

Métro boulot dodo version 2009, 2010 etc. Un excellent texte!

Écrit par : éric | 26/10/2009

J'ai écrit ça il pas mal de temps. Avec les trains climatisés et les nouveaux bus et la moitié des nouvelles rames de métro à Bruxelles, ce n'est plus aussi vrai. Mais vive le lecteur mp3 pour ne pas entendre les fantômes.

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Ah, ouais, excellent.
Justement, à 11h, j'ai rdv avec un putain de fantôme de la DRH pour un avenant à mon contrat (on veut me faire bosser la nuit...comme un zombie).

Écrit par : Thierry | 26/10/2009

bonjour les conditions de travail dans le respect des employés ! course à la rentabilité ? c'est plutôt une course à l'irritabilité... un des mes voisins (retraité depuis au moins 15 ans, l'histoire n'est pas récente) a travaillé la nuit (ouvrier dans une grande usine automobile) ; détail : .... en alternance avec des horaires de travail de jour ; une semaine, 15 jours ou 3 semaines (je ne sais plus exactement) à travailler le jour et dormir la nuit, et on te re-perturbe tout ça, biologiquement, socialement, en inversant...
J'espère que votre rv a eu des conséquences moins négatives...
Martine Z.

Écrit par : Martine Zimmer | 26/10/2009

Bon, il est passé 18h, ton RV avec la DRH a eu lieu.

Je retiens LA drh (hrm en anglais). C'est fou le nombre de femmes drh (et de women hrm).

Je n'en dis pas plus.

PS - Dans "Les pensées d'un ortieculteur", on peut lire : " Je ne serai jamais la ressource humaine de qui que ce soit." (de mémoire que je me cite moi-même mézigue).

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Tiens ! ce matin, justement !, je me suis remémoré mes journées d'il y a peu... Il y avait de ça... (un peu moins sombre et désespérant que ce que tu en dis, mais....) ; à l'heure précise où, ces derniers jours (je m'endors très tard ou plutôt très tôt le lendemain...), j'écoute la "douche froide" de Guy Carlier, vers 8:00, souvent encore sous la couette ! (moi - .... sorry, pas résisté...), j'étais quotidiennement emboîtàsardinée dans un wagon banlieusard... Mot d'ordre dans ce temps-là : VITE ! La retraite m'a appris le temps calmé... (avec une pratique artisanale (/artistique, les jours d'auto-regard-hyper-hyper-positif...) demandant de la précision, tel le collage... Mieux vaut tard que jamais ! Les oeuvres, que j'apprécie, de Marie-Claude Piette, avec ses superbes calligraphies, commencent à me donner envie de pratiquer cet art de précision... J'admire ceux qui, parallèlement à leur vie professionnelle, ont suffisamment de ressort pour gérer leur blog ou site !
(j'ai aussi été sensible au poème traduit sur la mort...).
Allez, bonne semaine ! et merci !
Martine Zimmer

Écrit par : Martine Zimmer | 26/10/2009

Train, bus... Ça pollue moins que les gros (Benoït) XVI qui pullulent ! C'est toujours ça de gagné sur le réchauffement.

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Avec ce texte, vous me rappelez une phrase tirée du journal de Charles Juliet qui dit en substance (je n'ai pas l'exacte citation sous la main): Ces gens, on les croise et on voit qu'en eux ils hébergent un cadavre.

Écrit par : Frédérique M | 26/10/2009

Je ne connais pas Charles Juliet mais la phrase que vous citez n'est pas pour me déplaire. Revenez quand vous voulez avec de telles citations !

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Tu crois que demain je vais avoir affaire à un contrôleur fantôme ? Cool... :-)

Écrit par : co errante | 26/10/2009

Te raconterai si l'un d'entre eux me tombe dessus. Je lis en entendant de la musique. Je ne les vois ni les entends arriver.

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Voilà, le fantôme de la DRH, mielleux comme un pain d'épice, a trouvé mieux que de me faire bosser la nuit: un poste avec des charges de 50 à 100 kilos à porter chaque jour. plusieurs fois dans la journée qui plus est, bien que connaissant mes antécédents médicaux en la matière...
C'est cool, non?
Direction des ressources Humaines...ça laisse songeur...
L'entreprise en pleine restructuration, le salarié doit suivre...
Bref, ton texte est encore meilleur, relu après l'entretien de ce matin.

Écrit par : Thierry | 26/10/2009

Attends, Thierry ! Là, tu vas vivre une expérience à la Buk ! Tu fais ça deux semaines et tu nous écris un truc genre "Postier" !!!

Écrit par : Éric | 26/10/2009

Puis, des fantômes se révoltent, refusent d'être des fantômes dans des villes fantômes, ne veulent plus continuer leurs existences fantômes et font de l'autostop dans le monde des poètes.
Bises

Écrit par : Neriel | 27/10/2009

Il existe aussi pas mal de poètes fantômes...

Écrit par : Éric | 27/10/2009

Les commentaires sont fermés.