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09/01/2011

LE BÛCHER DES VA-NU-PIEDS

Le morceau précédent est ici.

...Blaise prépare méticuleusement trois verres d’absinthe sous l’œil malveillant d’un revolver gros calibre constamment dirigé vers sa poitrine.
...
« Vous permettez que j’m’en fasse un bien tassé, vu qu’c’est mon dernier ?
...
— Vas-y, paysan, prends-en une dose de cheval. Mais traîne plus trop, on n’a pas qu’ça à faire et il est déjà tard.
...
— Faut pas gâcher l’travail, qu’mon père i’ disait toujours. L’absinthe, c’est comme la messe : on sert pas ça n’importe comment… »
...
Le bouseux s’applique et finit par déposer un verre devant chacun de ses deux « invités ». Il se rassoit, la bouteille à côté de son verre.
...
« N’espère pas profiter d’un second, paysan.
...
— Bah, l’espoir fait vivre, nan ? À la vôtre… Bon, j’vais goûter vot’ cigare. »
...
Le Bouseux déballe délicatement le boulon et examine la bague.
...
« Vingt dioux ! Vingt-z-euros ! Ça rapporte, vot’ turbin !
...
— T’imagines pas, paysan ! Allez, magne-toi ! Y a Marco qui attend qu’on te saigne comme le pourceau qu’t’es, qu’on te démembre comme Ravaillac, qu’on t’passe à la moulinette comme dans Fargo et qu’on balance tes restes dans ton infâme fosse à purin. »
...
Blaise sort une boîte d’allumettes de la poche de sa salopette tachée de sang séché. Il en prend une et, en la craquant, renverse la bouteille d’absinthe dont le contenu se répand sur la table.
...
« Quand les cons iront à la pêche, tu s’ras responsable de l’épuisette, paysan ! »
...
Le Bouseux sourit très bêtement, jette l’allumette enflammée sur le liquide saturé d’alcool et plonge sur le côté. La table s’enflamme. Deux détonations éclatent. D’une ruade digne de la Brunette quand elle est de mauvais poil, Blaise renverse la table sur les deux trafiquants et plonge vers le cellier. Il attrape deux autres bouteilles d’absinthe qu’il balance dans la cuisine. La pièce s’embrase. Les malfrats hurlent. Le revolver crache à nouveau. Le bouseux claque la porte du cellier et pousse le verrou intérieur. Il soulève une trappe pratiquement invisible et, suivant un étroit tunnel qu’il parcourt à quatre pattes, se retrouve dans la buanderie. Sans reprendre haleine, il revient vers la porte de la cuisine et en coince le loquet avec une chaise. À l’intérieur, il entend des coups portés de plus en plus faiblement contre la porte du cellier. La chaleur s’intensifie. Il sort dans la cour, attend. Bientôt, les vitres éclatent et les contrevents s’embrasent. L’incendie gagne tout le corps de logis.
...
Le Bouseux crache par terre, se dirige vers la grange et démarre son vieux Massey Fergusson.

Commentaires

L'absinthe : une ARME DE DESTRUCTION MASSIVE !
Tant mieux pour Le Bouseux, dommage pour les litres gâchés, mais bon...

Écrit par : co errante | 09/01/2011

Faut c'qu'il faut ! On ne fait pas d'incendie sans casser de bouteilles.

Écrit par : Éric | 09/01/2011

Tu prêches un converti, gary beau' : l'alcool, quand bien même est-il frelaté, nuit gravement à la santé ; l'alcool tue, quoi qu'en disent les amateurs de saké. (Ils se reconnaîtront, les pleutres dont j'attends toujours le cartel.)

Le sang ne coule pas à flots, comme dans les chansons de geste où le chevalier pourfend le Sarrazin dans son entier du chef à l'entre-jambes, mais des méprisants qui crament secs, c'est pas mal non plus.

Écrit par : Marc Bonetto | 09/01/2011

Ces preux chevaliers qui pourfendaient le Sarrasin, ils ne coupaient pas aussi le cheval, emportés par leur élan ? Comme ça, ils avaient toujours de la bidoche fraîche.

Écrit par : Éric | 09/01/2011

Exact, mon Rico, c'étaient des hommes pratiques, et de mauvais chrétiens qui n'aimaient pas suffisamment l'infidèle pour le boulotter. Il serait d'ailleurs temps de remettre au goût du jour le précepte : "Je t'aime, je te mange", auquel on peut ajouter un troisième terme que la pudeur m'oblige à taire.

Adessias, mes joli(e)s.

Écrit par : Marc Bonetto | 09/01/2011

Es-tu fan de "Pourquoi j'ai mangé mon père", qu'une de mes filles a dû lire il y a une dizaine d'années ? Elle m'avait demandé de le lire pour avoir mon avis...

Écrit par : Éric | 09/01/2011

Chouette texte, j'aime son écriture, son rythme et son humour. C'est de toi ?

Écrit par : Anna de Sandre | 09/01/2011

Ben oui, Anna, c'est moi que j'ai écrit ça tout seul, comme les treize morceaux précédents. Même que le quinzième et dernier morceau sera mis en ligne dans les prochaines semaines. Si tu veux te taper toute l'histoire (?), il te suffit de cliquer sur "Le morceau précédent est ici."

Écrit par : Éric | 09/01/2011

Quel rythme... je m'en vas lire les morceaux précédents :)

Écrit par : MuLM | 10/01/2011

Bon courage pour traverser cette épreuve !

Écrit par : Éric | 10/01/2011

Quel gâchis !
J'espère qu'il avait mis le reste de sa réserve d'absynthe dans le Massey Fergusson. Et le cigare à Vingt-z-euros, Il est où ?

Écrit par : Denis | 14/01/2011

Le Bouseux est le roi du gâchis ! L'empereur du foirage !

Écrit par : Éric | 15/01/2011

Les commentaires sont fermés.