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02/12/2025

LES de PUTASSIER de BERNE-ATH (2)

LES de PUTASSIER de BERNE-ATH, NOBLES DÉSARGENTÉS

Scène 2 – SERVIR LA MESSE POUR LA BONNE CAUSE

 — Père…
— Qu’y a-t-il, Charles-Clovis ? Ne voyez-vous pas que je suis plongé dans la lecture du dernier Jours de France ? Avec tous ces roquentins et leurs cantinières qui pavoisent alors que nous, les de Putassier de Berne-Ath, sommes en berne et embrenés…
— Le désobstructeur de vespasiennes devrait bientôt arriver, m’a confié mère.
— Oui, je l’espère. Pourquoi cette intrusion, Charles-Clovis ?
— Juste une question, père. Seriez-vous d’accord que je devienne enfant de chœur pour la paroisse ?
— Hum… À treize ans, vous sentez-vous de taille à résister aux assauts sodomites de ce brave père Gontran ? Qui, hormis son invertissement, reste un homme d’une grande piété, je vous le concède.
— Ne craignez rien, père. Je subis ses assauts depuis près d’un an chaque fois que vous m’envoyez à la confession.
— Ah bon ?
— Oui. Le père Gontran a fait aménager son confessionnal.
— Comment cela ?
— Oh, juste une petite porte supplémentaire, sans croisillons, placée à judicieuse hauteur.
— Ingénieux !
— Le père Gontran m’a dit que si je devenais enfant de chœur, il me paierait pour ça.
— Et que… couvre ce… « ça » ?
— À la fois mon service durant les offices, et mon fondement après ceux-ci, père.
— Alors, Charles-Clovis, si vous vous sentez de taille à accueillir la vigoureuse foi du père Gontran et si vous pouvez contribuer à l’amélioration de notre budget mensuel, je n’y vois pas d’inconvénient. À combien vos gages s’élèveront-ils ?
— Je recevrai dix pour cents de la quête dominicale.
— J’espère que les ouailles du père Gontran mettent plus facilement la main à la bourse que nous ne le faisons.  Et… penseriez-vous qu’il serait possible de prendre des photographies de vos… messes particulières ? Je suppose qu’elles se dérouleront hors de l’armoire à ouïr les impuretés des fidèles.
— Je le pense, père. Cela devrait pouvoir se faire sans trop de peine.
— Très bien ! Nous pourrons peut-être lui faire chanter autre chose que du chant grégorien et raccourcir nos fins de mois laborieuses. Vous avez ma bénédiction, Charles-Clovis.
— Merci, père ! Je ferai au mieux pour servir les intérêts financiers de la famille.
— Parfait ! C’est courageux de votre part, mon fils. Et veillez à ce que cette géniture de dictériade n’entre que couverte ! Il nous serait impossible de vous payer une trithérapie.
— Certainement, père, n’ayez crainte.
— Bon, maintenant, laissez-moi, que je termine ma lecture et réfléchisse au problème de l’appareil photographique. Depuis que l’on nous a lâchement massicoté notre connexion Internet, il devient difficile de trouver du bon matériel de seconde main pécuniairement abordable sans quitter nos pénates.