15/09/2012
L'HOMME DE L'HEURE
Il piédestalle
vu les circonstances.
Il essaie
de sourire
mais il rictusse
ne sachant
faire mieux.
Son cœur chamade.
Ses mains parkinsonnent.
Ses jambes sysmiquent.
Le président du jury
du concours de poésie
de Lazévont-lez-Gériphade-
sur-Péridos
s’approche
pour remettre
à Superpoète
sa médaille
de vermeil.
Enfin !
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13/09/2012
DANS LA VAPEUR DU CAFÉ NOIR
Debout face à la fenêtre
une tasse de café très noir
à la main
j’écoute les mauvaises
nouvelles du jour
du journal de 7h.
Dans la pelouse
un truc bizarre
une sorte de boule brunâtre.
Le truc se redresse :
un écureuil
qui termine sa toilette
dans la rosée
puis gagne sans se presser
le pied du chêne
pour disparaître
dans la luxuriante ramée.
La journée sera-t-elle
infecte comme les nouvelles
ou sympa comme le petit animal ?
Je le saurai
bientôt.
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09/09/2012
SUR UN BANC
il est seul
sur un banc
dans le parc
il regarde passer les gens
sans un mot
sans un geste
à ses côtés
l’espoir de la journée
dans un sac en papier kraft
il patiente encore un peu :
l’espoir
ça se mérite
Extrait de ma contribution à Buk You!, recueil collectif autour de Bukowski, à paraître en 2013 chez Gros Textes (poème-préface de Dan Fante & textes d’Hélène Dassavray – Éric Dejaeger – Henry Denander – Cathy Garcia – Frédérick Houdaer – Gerald Locklin – Patrice Maltaverne – Adrian Manning – Renaud Marhic – Hervé Merlot – Owen Roberts – Thierry Roquet – Ross Runfola – Marlène Tissot)
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07/09/2012
DÉFOULEMENT
Il a attaqué sa journée
à la baïonnette.
Il a tiré les tentures
au bazooka.
Il a coupé les vivres
à la hache.
Il a cassé l’ambiance
à coups de merlin.
Il a brûlé les étapes
au lance-flammes.
Il a écrasé un fichier
au marteau.
Il a écorché un nom
à l’opinel.
Malgré cela
Superpoète
se prétend
non violent.
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05/09/2012
BYEBYE
L’amour était parti
en criant « Gare ! »
mais personne
ne l’avait retenu.
L’amitié avait claqué
la porte
mais personne
n’avait entendu le
BLAMMMM !
Ils étaient tous
glués à leurs écrans
de toutes tailles.
Nous faisions la grasse matinée
prenions l’apéro
tenions la maison
en état
et entretenions
le jardin.
Sans trop
d’écran.
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03/09/2012
R.I.P. PLUTÔT QUE V.I.P.
Aux enterrements conjugués
(sans faute de grammaire)
de FB, Twitter
et LinkedIn
ils attendaient
quatorze milliards
de fidèles.
Raté.
Ceux-ci étaient déjà
tous
sur un nouveau
réseau
cent fois plus
débilitant.
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05/08/2012
PLUS DE SAISONS ?
Quand l’été est pourri
qu’il pleut chaque jour
en juillet
les agriculteurs se plaignent
les vacanciers se plaignent
les HORECAssecouilles se plaignent.
Je pense à l’Irlande
face à ma pelouse
toujours verte.
Surtout à ces enfants
de Dublin
que jadis
« on » enfermait
dans la prison de Kilmainham
parce qu’ils avaient volé
un pain
pour nourrir leur famille !
Les cons
se plaignent
sans arrêt
pour rien.
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03/08/2012
SAVOIR CE QU'ON VEUT
Le gosse
aux chaussettes dépareillées
n’aime pas jouer
avec les autres gosses.
Il n’aime pas courir
sauter
bousculer
crier.
Le gosse
aux chaussettes dépareillées
s’enferme seul
dans sa chambre.
Il se prépare.
Il travaille les mots
dans sa tête.
Il sait qu’il deviendra
Superpoète.
Mais quand ?
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28/07/2012
VIEILLE FOLLE
Dans les allées du supermarché
j’ai croisé plusieurs fois
une vielle
à l’ancienne mode.
La soixantaine bien entamée
elle était vêtue
d’un cache-poussière
en nylon
comme on n’en fait plus
(heureusement pas
transparent)
et probablement juste
des sous-vêtements
par-dessous.
Vraiment pas très
ragoûtant
à voir.
En ramenant ma caddie
j’ai vu qu’elle s’était garée
sur un emplacement réservé
aux handicapés.
Je ne suis pas allé vérifier
si elle avait la carte
ad hoc.
Une chance sur deux...
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26/07/2012
ENFIN LA GLOIRE !
Depuis des mois
il est sur fèces-bouc
trente-deux heures
par jour.
Il a trouvé
sa voie !
Il a trouvé
sa foi !
Encore quelques semaines
d’efforts
et il sera
enfin heureux
et surtout
célèbre
avec son milliard
de connards d’ami(e)s.
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22/07/2012
LE GROS PORC ET L'ESCORT-GIRL
Gare Centrale
sept heures du mat'.
Un genre de riche
gros porc sexagénaire
(plus grand-chose)
s’extrait d’un taxi
comme une bouse glacée
du derrière d'une vache
puis aide une jeune femme
filiforme
et très très
court vêtue
à descendre
à sa suite.
Je sors mes lunettes
fumées :
le jaune de sa culotte
est le soleil
de la grisaille
de ce matin !
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18/07/2012
BIZARRE NOM DE RUE
Elle habite à Wissant
Rue de la Motte au Vent
Et son poil se défrise
Au moindre coup de bise.
Elle habite à Wissant
Rue de la Motte au Vent
Et sa toison s’exquise
Dès que souffle la brise.
Extrait de Le cri de la mouette en rut au-dessus des dunes de la baie de Wissant est inénarrable, my gritte !
(Les Éditions du Néant - , 2008 – Tirage limité à 2 exemplaires)
Épuisé
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14/07/2012
LA POURSUITE
Il y va
à fond les manettes.
Il halète
tel un obèse
aux deux tiers
d’un triathlon.
Il force encore un peu,
à l’extrême limite
de ses forces.
Il ahane
tel un asthmatique
à l’assaut de l’Everest
sans assistance en oxygène.
Loin devant,
insaisissable et toute guillerette,
folichonne
la jolie ballade
que Superpoète
veut capturer
pour l’enfermer
dans son prochain recueil.
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11/05/2012
LE VOLEUR
Il a piqué un somme
au rêveur
qui depuis
ne peut plus s’endormir :
l’addition de ses sommes
devait lui faire
découvrir
la quadrature
du pentagone
à côtés courbes.
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14/04/2012
LE MOT JASTE
Pourquoi vouloir toujours
trouver
le mot juste ?
Pourquoi renier
le mot injuste ?
Le mot qui sonne faux ?
Le mot fêlé ?
Pourquoi écrire
à l’impeccable ?
Et pourquoi pas
à l’à-peu-près
qui impose
au fainéant lecteur
un travail
d’inagimation ?
07:05 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (4)
19/02/2012
L'ACCORD DE L'ADJECTIF DE COULEUR
Une peur bleu anthracite.
Un teint jaune de Prusse.
Un vote blanc citron.
Un feu vert cassé.
Une robe rose émeraude.
Un regard noir bonbon.
Un nez rouge ébène.
Un nuage gris sang.
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08/01/2012
COLÉRE NOIRE
Il éructe
tel un volcan
qui va se réveiller.
Il hoquette
de rage et de fureur.
Pour se calmer
il brise toute la vaisselle.
Il arrache
l’évier de la salle de bain.
Il éventre le divan
et les deux fauteuils.
Superpoète
n’est même pas classé
pour le dernier concours
de poésie
auquel il a participé.
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22/12/2011
LA FIN DE LA RÉBELLION ?
Le chef de la résistance électrique
fit sonner le clairon de jambe
ordonna le retrait d’esprit
et se mit en marche de Noé
à la tête de sa piétaille de guêpe.
Ils marchèrent de nuit à vingt heures
sans prendre de repos de chambre.
Arrivés au bout du chemin dans la main
ils s’arrêtèrent de sienne brûlée :
devant eux un précipice vinaigre
derrière eux la répression atmosphérique
bien supérieure en nombre chinoise
armée jusqu’aux dents ton cul.
Que faire de lance ?
Un pas en avant du nord ?
L’affrontement perdu d’office de pute ?
L’auteur laisse aux lecteurs de cartes
le choix du dénouement à l’eau
et s’en lave les mains de leurs sœurs
dans la culotte d’un zouave, et marre y a !
09:25 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (10)
15/12/2011
Les chatons
il la suit discrètement
il sait qu’elle a mis bas
quelque part dans le fond
de son jardin
la petite chatte des voisins
il s’approche lentement
son seul plaisir :
démembrer
des chatons nouveau-nés
pour lui
l’amour n’est pas
un chien de l’enfer
mais
un chaton
écartelé vivant
à chacun
son truc
dans ce monde
de cinglés
Extrait de ma contribution (15 poèmes et une nouvelle) au recueil collectif inédit Buk you !
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27/11/2011
MENU DE RÉVEILLON
À Alain Germoz
Des cuisses de grenouilles
de bénitiers.
Des anchois marinés
en trompette.
Du foie gras
du bide.
Des rognons de porcs
de plaisance,
sauce Madère
des der.
Des escalopes de veau
mi-sures.
De la dinde farcie
à métaux.
Du sorbet à la fraise
de dentiste.
Et pour faire passer tout cela
du Saint-Véran
d’oignons,
du bourgogne aligoté
façon SM
et un armagnac hors d’âge
du bronze.
14:42 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (8)
07/11/2011
LA FEMME DÉCALÉE
La tête en éventail.
Les yeux dans le cul.
Le nez en poche.
La langue dans le guidon.
Les seins dans l’autre poche.
La main dans le tiroir-caisse.
Le doigt dans le sac.
Les jambes dans l’œil.
Un pied en coton.
Les orteils dans la tombe.
Qui d'entre vous
mesdames
écrira l'homme décalé ?
18:58 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (18)
14/07/2011
CATCH SURRÉALISTE
Lui marcher sur les pieds
de nez.
Lui faire un croc-en-jambe
de bois.
Lui tirer les oreilles
de Judas.
Lui faire une grosse tête
de banc.
L’envoyer au tapis
volant.
Lui faire rendre gorge
du Tarn.
Lui briser le cœur
de palmier.
Et finalement
le mette K.O.
primitif.
07:00 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (6)
01/05/2011
LES PIEDS DE PLOMB
Se lever le matin
comme d’hab.
Douche.
Décafé noir,
au moins deux mugs.
Avant de partir,
chausser ses gros godillots,
ceux avec les bouts
en métal.
Pour mettre les pieds
dans le plat
et le briser
une bonne fois
pour toutes.
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05/02/2011
INSENSÉ
À vue d’œil,
c'est totalement logique.
À vue de nez,
ça l’est déjà moins,
comme si les narines
pouvaient sentir ET voir.
À vue de bouche,
ça rappelle le dentiste.
À vue d’oreille,
ça évoque un éléphant.
À vue de doigt,
c'est la panique :
comment tenir un stylo
ou tourner les pages d’un livre
avec cinq yeux
au bout de chaque main ?
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04/12/2010
KORREKT !
Tu dois parler
korrekt !
Tu ne dois écouter
que du korrekt !
Tu dois écrire
korrekt !
Tu ne dois lire
que du korrekt !
Tu dois manger
korrekt !
Tu dois boire
korrekt !
Tu ne dois fréquenter
que des korrekt(e)s !
Tu dois penser
korrekt !
Tu dois vivre
korrekt !
Sinon
tu vas te retrouver
dans un camp de
korrektion !
Et tu mourras
korrekt.
18:48 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (13)
16/11/2010
SÉRIE NOIRE
Le 24 octobre : le téléphone fixe...
Remplacé.
Le 27 octobre : la connexion ADSL...
Rétablie.
Le 1er novembre : le pécé...
En réparation mais remplacé.
On souffle un peu.
Le 13 novembre : un téléphone portable...
Remplacé le jour même.
Le 14 novembre : la voiture...
On verra bientôt
de quoi elle souffre.
La télé,
on s'en fout,
mais à quand la chaudière ?
À quand le frigo ?
À quand le lave-linge ?
À quand le sèche-linge ?
Pas le décapsuleur !
Pas le tire-bouchon !
Pas eux !!!
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14/11/2010
AUBE
Ce tout petit matin
le couple de pics-verts
picotait la pelouse
sous la ramure jaune brun
du chêne.
Signe de quoi ?
De bon temps ?
De mauvais temps ?
Va savoir...
Ça fait longtemps
que je n'ai plus vu
le pic-épeiche
Signe de quoi ?
Vaut mieux
pas savoir...
22:57 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (4)
05/11/2010
UN COUP DANS L’EAU ET AILLEURS
À AS-R
Crishcrishcrish…
Crish…
Crishcrishcrishcrish…
Crishcraïïïïïïe !...
« Putains de dieux ! »
En s’essayant
au collage poétique
Superpoète
vient de se raccourcir
le majeur gauche
de deux millimètres.
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14/10/2010
CUBITAINER ET OBSTÉTRIQUE
Quand j’ouvre un nouveau cubi,
que j’enfonce deux doigts
- l’index et le majeur -
dans le trou
et fourrage
dans la masse molle
à la recherche du robinet,
j’ai l’impression
d’être un gynécologue
dégueulasse
qui travaille
sans gants.
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20/08/2010
JAMAIS TRANQUILLE
Elle diminue
lentement mais sûrement.
Elle rétrécit
comme une peau de chagrin
made in China
qu’on aurait lessivée
à 90° au lieu de 30.
Dans quelques minutes,
il va me falloir
faire l’épuisant effort
de déplacer ma chaise :
le soleil
fait son zénith,
rabougrissant,
racrapotant
de manière inexorable
l’ombre.
JE NE BOIRAI PLUS JAMAIS D’OUZO… AUSSI JEUNE (Recueil instantané #2)
35 textes écrits entre le 27/07 et le 15/08/2010
44 pages, format A5
Entièrement imprimé sur papier bleu clair
Couverture 160 gr
Tirage limité à 65 exemplaires
dont 15 contenant une page recto-verso du manuscrit original
Si intéressé(e), contactez-moi…
08:00 Publié dans Poésie (?) | Lien permanent | Commentaires (15)