23/06/2016
DES GENS SIMPLES
Elle jouait du ukulélé
lui de la balalaïka.
Elle lisait Anaximène
il préférait Zénon d’Élée.
Elle ne roulait qu’en Duesenberg
il ne jurait que par Koeningsegg.
Elle sirotait des Kriptonitas
il s’enfilait des Xamascas.
Elle raffolait des makrouts
il ne voulait que de l’Ayurvédique.
Elle avait tous les films de Dorothy Arzner
il ne regardait qu’Ishiro Honda.
Elle écoutait Friedrich Grützmacher
il était fou de Lennox Berkeley.
Ils ne se rencontrèrent
jamais & n’eurent heureusement
pas d’enfants.
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11/06/2016
ÉTAT DES LIEUX DE LA BOÎTE CRÂNIENNE
Le loup qui hurle
dans sa tête
il doit le nourrir
& le désaltérer
– surtout lui donner
à boire – pour que la bête
lui fiche de temps
en temps la paix.
Il ne se plaint
jamais : en lieu & place
du canidé ç’aurait
pu être un agneau
bêêêêêêêlant de manière
stupide en attente
du tajine
ou de la broche.
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22/05/2016
VÉGÉTALIEN
Un jour j’aurai
la pêche
la pomme
la prune
la poire
la banane
la mangue
l’orange
la mandarine
la nana
la cerise
la groseille
la papaye
et une belle
diarrhée.
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18/05/2016
L'INCREVABLE
À quatre-vingts ans
hétéro notoire
il courait toujours
deux hases à la fois.
En pleine santé
toujours très vert
il galopait encore
derrière le guilledou.
Excellent sportif
il poursuivait sans cesse
la pretentaine.
Ce ne fut pas la course
à pied qui eut raison
de lui mais un stupide
rhume de cerveau.
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22/11/2015
OISIFISSIME
Gésir à ne rien faire.
Les yeux fermés
ne pas penser
ne pas rêver.
Être une respiration
lente profonde tranquille.
S’assimiler au vide.
Devenir du néant.
Ne pas penser
ne pas rêver
gésir à ne rien faire
du tout.
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08/07/2015
Deux textes bilingues
Let's Visit New Orleans et Blue Smoke Signals & Zombie Whiskey, deux textes coécrits directement en anglais avec Catfish McDaris et traduits par mes soins, sont à lire sur le site de la revue canadienne Carte Blanche.
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27/03/2015
SILLY GAME: CROWD-HOCKEY®
Enfiler une tenue
de gardien de hockey
sur glace
& marcher tout droit
comme ces gens
aux yeux rivés
à leur mini écran.
Comme eux
ne jamais faire
un pas de côté.
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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19/03/2015
COMMUNICATION ERA
Dans le hall de l’hôtel
vers 8 a.m.
alors que je sors
pour mon premier
cigarillo
cinq jeunes
– la vingtaine –
sont installés dans des fauteuils
autour d’une table basse
en train de pianoglisser
du doigt
sur leurs gadgets
dans un silence
de monastère bénédictin.
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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15/03/2015
ORGANIC FOOD
Dans le quartier de Soho
je remarque
sur la vitrine
de plusieurs petits restaurants
la mention
100% organic food
Je me demande
ce que peut être
de la nourriture
non organique.
De la salade
de plastiques
& PVC divers ?
Un steak
de métal attendri ?
Les saucisses
du petit déjeuner
entrent-elles
dans la bouffe
non organique ?
Après vérification, « organic » signifie simplement « bio ».
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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11/03/2015
ENGLISH BREAKFAST
Les petites saucisses
goûtent le plastique.
Les œufs pochés
goûtent le bizarre.
Les œufs brouillés
goûtent entre la saucisse
et l’œuf poché.
Le bacon grillé
ne goûte rien.
Les œufs cuits durs
les toasts
& les haricots sauce tomate
goûtent l’œuf cuit dur
le toast
& le haricot sauce tomate.
Le café...
Sans commentaire.
Heureusement
le prix du breakfast
est compris
dans la location
tout comme la mélopée
des canalisations d’eau.
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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07/03/2015
ROOM TWO-TWO-SEVEN (III)
Dans la chambre 227
l’expression « tirer
la chasse »
a été remplacée
par celle-ci
beaucoup plus imagée :
« faire chanter
le diplodocus ».
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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03/03/2015
TOWER OF LONDON - II
Impossible
d’ignorer
certaine excroissance
sur l’armure
d’Henry VIII.
On ne peut s’empêcher
de penser
que ce monarque
avait un méchant problème
quelque part
sous le nombril.
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27/02/2015
TOWER OF LONDON - I
À la Tour de Londres
la file que forment
ceux qui veulent
apercevoir quelques instants
les joyaux de la couronne
est impressionnante.
À voir la tronche
jusque pas terre
de certains impatients
je les surnomme
illico
« les joyeux
de la couronne ».
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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17/02/2015
ROOM TWO-TWO-SEVEN (II)
Salle de bain propre
mais spartiate :
un évier avec miroir
une petite baignoire
avec douche
et un WC.
Une fois la chasse tirée
quand le réservoir
se remplit
la tuyauterie fait entendre
un long cri
de dinosaure
en rut.
Si c’est la même chose
dans la chambre
d’à côté
il va falloir commencer
par acheter
des boules Quies
ou deux bouteilles
de bon whisky.
Avons-nous
assez de pounds
pour le whisky ?
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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13/02/2015
ROOM TWO-TWO-SEVEN (I)
Chambre propre
mais spartiate :
un lit flanqué
de deux tablettes de nuit
une chaise
un miroir
un support pour
une bouilloire électrique
& deux tasses.
Rien de prévu
pour écrire.
Pas de rideaux
à la fenêtre
juste des tentures.
En face
même topo.
Comme l’écrivait
George Mikes dans
How To Be An Alien
« Les Anglais n’ont pas
de vie sexuelle
juste des bouillottes
d’eau chaude. »
Ou ils sont
simplement
exhibitionnistes
& voyeurs.
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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09/02/2015
RECEPTION DESK
“Sorry, Sir,
we don’t have any
reservation for you…
— Are you sure?
We booked three months ago.”
J’épelle à nouveau
mon nom.
Il revisite son PC.
Rien.
Il fouille dans une pile
de feuilles posées
sur une étagère
derrière lui
en extirpe une
qu’il me montre
avec un large sourire.
Je lis
NAME: DJAEJER.
Sauvé !
Mais moi qui pensais
savoir épeler mon nom
en anglais...
Je me console :
le gars lors de la réservation
n’était pas anglophone.
Extrait de Mes tripes à London, recueil inédit.
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05/02/2015
APPRENDRE OU ALÉSER ?
J’ai pris mon pied
de nez de biche et d’autres.
Tu as pris le temps
bien que mal ou qu’à faire.
Il a pris la porte
à faux, voix et manteau.
Elle a pris la fuite
mais dut faire appel
à un plombier.
On a pris le large
le long le haut
et même le profond.
Nous avons pris les choses
en main en pied
et à redire.
Vous avez pris le maquis
de Sade et de Carabas.
Ils ont pris la tangente
l’hypoténuse et l’hyperbole.
Elles ont pris un verre
deux verres et de la bouteille.
Puis il fallut tout rendre
sous peine de poursuites
judiciaires.
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27/01/2015
PEAU DE RENARD
J’ai écrasé un renard
un soir d’hiver
en rentrant au hameau.
J’ai ramassé la dépouille
et fait tanner la peau.
Depuis
elle sert une fois par an
quand l’institutrice
parle du petit prince
à ses élèves.
Franchement
j’aurais préféré
écrabouiller
le blondinet de la haute
plutôt que
cette superbe bête.
Texte publié dans le # 12 de la revue Cabaret,
repris dans Une femme à gros seins qui court un marathon.
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07/11/2014
SREVNE’L À
Là et çà
Vilain et cher
Face ou pile
Si bien et tant
Vif ou mort
Modo grosso
Milou et Tintin
Vient-et-va
Net et clair
Pic-éporc
Déjà et d’ores
Ultra plus nec
Maillard-colin
Virgule point.
Tiordne’l à erircé
siamaj a’m en
ésserétni.
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14/06/2014
AMBROISIE PARTY
Des poètes
émaciés
des poétesses
décharnées
sont là pour
se gaver de vers
de métaphores
de synecdoques
de litotes
& autres figures de style
en tous genres.
C’est le Midi
de la Poésie.
Ils repartent gavés
comme des oies
mais toujours aussi
faméliques.
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16/05/2014
R.I.P.
Nous avons partagé
quelques mots
de silence
quelques regards
aux yeux
clos
quelques gestes
d’immobilité.
C’est que nous sommes
ailleurs
M’sieurs Dames
& qu’il faut
de temps en temps
nous oublier.
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01/04/2014
LE POUVOIR DES YEUX DU NOMBRIL
Le poète
parle de lui.
De ce qu’il voit
autour de lui.
Le poète
n’a plus que
deux yeux
et un nombril.
Son cerveau
est vide.
Il n’a plus
d’imagination.
Il ne sait plus
– l’a-t-il jamais
su ? –
que Je
est un autre.
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13/02/2014
LES MEILLEURS MOMENTS...
Un extrait de mon dernier recueil, Ouvrez le gaz trente minutes avant de craquer l’allumette. Voir plus bas pour les détails.
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25/12/2013
Texte de circonstance
♪ Il est né le divin enfant ♫
♫ Les curés lorgnent sa quéquette ♪
♪ Il est né le divin enfant ♫
♫ Faut lui blinder le fondement ♪
JOYEUX NOËL !
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14/11/2013
LA ViEiLLE
elle n’était plus
de première fraîcheur
il l’avait levée
sur un trottoir minable
d’un quartier pourri
comme la chambre
où elle l’avait emmené
sa piaule
sentait comme la mer
après quinze ans
de tôle
il avait fort envie
de revoir
la grande bleue
L'une de mes dix-sept contributions (quinze poèmes, un calligramme et une courte nouvelle) à Buk you! qui est sorti des presses de Gros Textes.
Toute l'info ici.
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22/10/2013
FAMILLE DINGO 13
LE SPÉCIALISTE
Mononke Aleaume
vendait de l’électroménager
& réparait les télévisions
qui tombaient souvent en panne
au début des années 60.
Quand c’était la nôtre
il arrivait avec une caisse
en carton
déplaçait la lourde télé
ôtait le cache arrière
puis une par une
il remplaçait chaque « lampe »
par une neuve.
Si ça ne fonctionnait pas
il disait devoir reprendre
le poste chez lui
pour le tester.
On le soupçonnait
de le porter
chez un professionnel
car nous restions sans feuilleton
durant au moins
une semaine.
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20/10/2013
FAMILLE DINGO 12
PRÊT POUR LES JO !
Le cousin Mamertin
voulut impressionner
la jeune galerie féminine
en plongeant tête en avant
de la berge
de la Semois.
Il n’avait pas pensé
aux cinquante centimètres
de profondeur
ni au fond rocailleux.
Il fallut beaucoup
de mercurochrome
pour désinfecter
ses multiples éraflures
au visage
aux bras & flanc droits.
Pendant longtemps
on le surnomma
le Cheyenne.
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18/10/2013
FAMILLE DINGO 11
TRAVAILLER OU MOURIR
La sœur de Mèmère
s’appelait ’Ma
– sans doute pour Emma.
Très vieille jeune fille
de plus de quatre-vingts ans
fine comme du papier
à cigarette
elle travaillait toujours
comme une esclave.
Avec son dos
cassé en deux
presque à angle droit
elle pouvait ramasser
quelque chose par terre
sans pratiquement
se baisser.
Elle traînait des seaux vides.
Elle ne pouvait plus
toucher à ceux
remplis de lait :
elle renversait trop.
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15/10/2013
FAMILLE DINGO (10)
LA POSTÉRITÉ POUR PUTSEYS
Mèmère – l’épouse du vieux Pamphile –
perdait un peu
la tête.
À la question :
« Mèmère, qu’est-ce qu’i’ faisait
’core, Putseys ? »
elle répondait
au quart de tour
& très rapidement :
« I’ dalleu din les cinses
aveu s’verrau su’ s’rododo
pou’ saut’ler les trouilles.* »
On lui reposait la même question
dix fois
vingt fois
aussi longtemps que les adultes
ne nous disaient pas d’arrêter
ce jeu stupide
mais si marrant
pour de sales gosses.
* « Il allait dans les fermes avec son verrat sur sa petite charrette pour engrosser les truies. »
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13/10/2013
FAMILLE DINGO 9
CHIENNE DE FIN DE VIE
Le vieux mononke Pamphile
avait le tronc lié
par une grosse corde
au dossier d’une chaise
à roulettes.
Pas une chaise roulante :
une chaise en bois
à laquelle un menuisier
avait ajouté quatre roues.
Quand il faisait bon
quelqu’un le roulait dans la cour
de la ferme.
Quelqu’un le déplaçait
en fonction de l’ombre.
Je ne l’ai jamais
ni vu bouger
ni entendu parler.
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