06/10/2009
UN PETIT MÉTIER SYMPA
...Vous m'avez déjà probablement vu dans mes œuvres, très cher, sur l'une ou l'autre plage, à marée basse. Intrigué par mon manège - peu de gens travaillent à quatre pattes - vous avez dû vous approcher et sans doute votre dernier repas a-t-il fait connaissance avec le sable humide du jusant. Je risque peu de connaître cette avanie : dans mon métier, on travaille à jeun pour ne pas risquer de gâcher cette belle marchandise qui est notre gagne-pain.
...Mon métier se perd. Jadis nous étions quelques dizaines mais il m'arrive de plus en plus rarement de croiser un confrère au bord des flots. Il faut dire que renifleur d'anus de méduse, ce n'est pas une sinécure. L'appendice nasal, au moindre faux mouvement, en prend pour son grade. Je ne compte plus les boîtes de pansements gras pour brûlures que j'ai consommées dans ma carrière ! Heureusement, je peux les faire passer dans mes frais professionnels. Vous aurez aussi remarqué que ma moustache et ma barbe, seules protections autorisées, sont dans un piteux état.
...Pourquoi je renifle l'anus des méduses ? Mais, très cher, vous n'y connaissez rien en nouvelle cuisine ! Lui sentir le fondement est l'unique façon de savoir si le coelentéré pourra être consommé sans risque !
...Vous me semblez fort intéressé, très cher. Justement, dans quelques mois, je pars à la retraite. Je cherche un apprenti pour le former. Cela vous tente-t-il ? Un joli petit anus de méduse, tout frais ?
Texte paru dans Le Galopin #12 (décembre 2007)
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28/09/2009
MAIGROS !!!
MAIGROS - Épisode 1 - DOSSIERS EN RADE
...L'inspecteur Maigros est assis à son bureau. Il râle comme un bouc en manque de biques : il ne sait plus où donner du neurone face au tas de dossiers qu'il a devant lui.
...Il y a cette histoire dite de l'exciseur, une crapule qui en quatre mois a assassiné cinq femmes avant de ou après les avoir amputées de... Maigros en a un haut-le-cœur et se retient de gerber dans la poubelle croûteuse qui lui sert essentiellement à vider son cendrier et à chiquenauder ses crottes de nez.
...Ensuite, il y a ce père de famille trucidé - d'après Kansheck, le légiste - de quatorze coups de couteau. Là, on connaît le tueur : c'est Kevin, le fils aîné. Qui reste désespérément introuvable. « Sordide... » se dit Maigros.
...Puis vient cette série de tiger-kidnappings : pas moins de cinq en trois semaines, commis, semblerait-il, par le même trio qui écume la région de Charleroi et que la police ne parvient pas à appréhender.
...Cerise pourrie sur le gâteau moisi, Beyoncé, une fillette de huit ans, a mystérieusement disparu il y a trois jours. Jusqu'ici, les recherches n'ont absolument rien donné : nada sur toute la ligne. Une éventuelle demande de rançon pourrait faire bouger quelque chose mais l'inspecteur n'y croit pas vu l'origine quart-mondiste de la disparue. Il a d'ailleurs fallu plusieurs heures aux parents avant de remarquer l'absence de leur fille, ce qui n'a pas facilité le boulot des cognes.
...« Et si c'était le fils aîné qui était responsable de tout ? pense soudain Maigros, étonné d'avoir une pensée. Exciseur-assassin, parricide, chef de bande et pédophile, les quatre en une fois... Ça rendrait la tâche beaucoup plus facile ! »
...Le refrain de L'accordéoneu interprété par Bob Dechamps couine dans sa poche. Maigros extirpe son portable.
...- Ouais ?
...- Oh, Maigros, tu radines ou quoi ? On t'attend chez Lolotte pour l'apéro !
...- Merde ! Avec ma montre à lecture digitale, j'ai pas vu les aiguilles tourner ! J'arrive, Poireau !
...Maigros coupe la communication, enfile sa veste et quitte son bureau. Pour les enquêtes, il verra plus tard, bien plus tard.
Illustration : Sarah Dejaeger
Pour écouter L'accordéoneu par Bob Dechamps (1914-2002) :
http://www.youtube.com/watch?v=8xg7-kZJ5yM
Les 80 premiers épisodes de La Saga Maigros sont disponibles en fichiers pdf sur simple demande.
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25/09/2009
CONTE À LA CON
Joanette et Firmin naquirent à quelques minutes d'intervalle. Sur la trente-deuxième ramification de la dix-septième branche, elles percèrent l'écorce du chêne tricentenaire, arbre remarquable qui étendait son ombre sereine sur une pâture du bocage normand, quelque part entre Villedieu-les-Poêles et Saint-Martin-des-Besaces.
À l'instant où elles eurent la taille de s'apercevoir, ce fut le coup de foudre - qui n'embrasa heureusement pas leur fagacé de père. Malgré les huit centimètres qui les séparaient à la base, elles ne se quittèrent plus des nervures, ne rêvant que de jouer à touche-nimbe et à saute-pétiole.
L'été passa, débonnaire, apportant aux deux feuilles passionnées ce qu'il fallait de soleil et de pluie. Leurs amours platoniques étaient au zénith de la fièvre quand, dans ses bottes d'averses et son manteau de bourrasques, mère Automne s'avança à grandes enjambées. Dans leurs robes de feu, Joanette et Firmin attendaient l'instant où elles seraient enfin libérées pour convoler en impatientes noces.
Le tourbillon qui les emporta en voulut tout autrement : c'est à peine si elles se frôlèrent avant d'être à jamais séparées. Firmin termina son vol sur une jachère où, lentement, il s'en retourna à la terre nourricière. Joanette atterrit dans une cour de ferme. Un valet désœuvré passa un coup de balai et incinéra les feuilles mortes derrière l'étable.
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20/09/2009
J'IRAI...
J'IRAI BERNER TOUS les drapeaux, des blancs aux noirs, des lignés aux gammés. J'irai dépalataliser les justices pour leur apprendre à vivre ailleurs. J'irai déjecter dans le même sac les libertés-égalités-fraternités insignifiantes et j'irai le balancer dans le canal le plus imbuvable en le pleurant, ce sac. J'irai disquer les barreaux, scier les barrières, mordre les entraves, saboter les freins de toutes sortes. J'irai pourrir les morales et incinérer leurs pus. J'irai étêter les sommets quitte à rendre les dieux encore plus inaccessibles. J'irai cautériser les plaies pour mieux rouvrir les scandales trop vite recousus. J'irai dévoiler les intégrismes de tous poils. J'irai lapider la misère à coup de lingots des Forts Knox et des fortunes quelconques. J'irai gripper les mécanismes aux rouages bien huilés et aux pattes bien graissées. J'irai vomir des biles bleues sur les éducations reçues. J'irai défenestrer les sentences et les maximes et les jugements du premier au dernier. J'irai décorder les gibets, démancher les haches, court-circuiter les chaises. J'irai dépiédestaliser les héros, poursuivre les exemples à suivre, désanctifier les vertus, hors-légaliser les lois. J'irai...
J'irais...
Si j'osais...
Extrait de Prose à hic.
Préface de Jean Claude Bologne.
Éditions Gros Textes.
Épuisé.
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18/09/2009
TEXTE RéGiME
Petit déjeuner : rien.
Déjeuner : 2 pastis.
Dîner : 2 pastis, légumes verts
plus une bouteille de vin.
Perte totale : 8742 neurones !
Extrait de Prises de vies
en noir et noir.
Éditions Gros Textes (août 2009).
Illustration : Pierre Tréfois.
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17/09/2009
INJONCTION
Avec l'âge, je suis devenu fainéant. Je ne le cache pas. J'adore ne rien faire, perdre mon temps... Si j'en avais la possibilité, je cultiverais l'oisiveté comme un forcené. D'ailleurs, en tant qu'écrivain, s'il est un ordre auquel j'obtempère, c'est bien « Paressez ! » plutôt que
« Paraissez ! »
Extrait de Dans la vie à coups de pioche.
Éditions Gros Textes.
(voir colonne de gauche)
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07/09/2009
CE QUE FEMME VEUT...
Elle ne m’a pas demandé un siamois avec pedigree. Elle voulait juste un tigre nain, beige, orange et noir. Aux yeux vairons. Le gauche azur, le droit absinthe.
Elle ne m’a pas demandé la Lune. Elle voulait juste le dix-septième anneau de Saturne girant dans le sens opposé des aiguilles d’une montre autour de Miranda. « L’un des satellites d’Uranus, a-t-elle précisé en voyant mon ébahissement. »
Je ne me suis pas découragé.
Elle ne m’a pas demandé un château en Espagne. Elle voulait juste un petit nid de lumière ivoire, sans toit ni mur, sans porte ni fenêtre. À l’abri des regards indiscrets et des courants d’air.
Elle ne m’a pas demandé de rivière de diamants. Elle voulait juste un éclat de tourmaline naturellement prisonnier d’une translucide gangue de sardoine. « À porter en sautoir, a-t-elle ajouté. »
Je n’avais rien à lui donner excepté mon humble personne. Que je lui offris en cadeau.
Qu’elle refusa, la garce !
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05/09/2009
BELGIQUE — ÎLES FÉROÉ
Au Lolotte’s Bar, Maigros, Poireau, Cageoque et Irah sont lancés dans un marathon de couillon forcé. Le bistro est bondé : sur deux grands écrans plats nouvellement installés, les clients peuvent suivre en direct le match Belgique – Îles Féroé, une rencontre capitale pour les Diables Rouges qui, s’ils gagnent, seront qualifiés pour le prochain mondial de foot.
Cageoque, grand amateur de football, n’est pas trop à son affaire avec les cartes : il s’intéresse beaucoup plus à ce qui se passe sur l’écran. Maigros l’a déjà enguirlandé plusieurs fois : il déteste perdre, surtout quand on joue pour des tournées. Soudain…
« ...est battu, la balle effleure le poteau droit et pénètre dans le... »
Cageoque ne se sent plus.
« GooooaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaAaaaa
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAaaaaaaaaa
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
....— Ta gueule, Cageoque, le coupe Maigros, c’est pas les Diâp’ qu’ont marqué, grosse biesse ! »
Si vous désirez en savoir plus sur l’infâme inspecteur Maigros, voir dans la colonne de gauche. Âmes sensibles s’abstenir !
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02/09/2009
LA PREMIÈRE FOIS
J’avais un peu plus de treize ans quand j’ai connu LE coup de foudre. Premier et unique car est-il possible de vivre une seconde fois cette sensation extraordinaire, quasiment irracontable ? Non, j’en suis persuadée. Plus de vingt ans se sont maintenant écoulés, j’ai connu d’autres amours mais à ce jour, je n’ai toujours pas revécu cela, pas avec une telle intensité.
Dès que nos regards se sont croisés, j’ai compris que ce serait lui. Il était tel que je me l’étais imaginée dans mes rêves. Brun tirant sur le roux, des yeux presque noirs, la taille adéquate, ni trop gros ni trop mince. Lui aussi réalisa que nous étions faits l’un pour l’autre et notre première rencontre reste le moment inoubliable entre tous.
Pendant plus de deux ans, nous ne nous quittâmes presque pas. Chaque fois que c’était possible, nous étions ensemble. Mes parents, comme tous les parents dignes de ce nom, avaient beau me dire de ne pas trop m’attacher, je n’en avais cure. Ils refusaient catégoriquement qu’il vienne dans ma chambre mais, régulièrement, à leur insu, nous parvenions à nous y rejoindre et... Quels grands moments ! Il pouvait rester des heures immobile, à se laisser caresser. Surtout sa queue, qu’il avait magnifique.
Un jour, en rentrant de l’école, je l’ai retrouvé sans vie dans sa cage. J’ai énormément pleuré sur mon premier rat mort, je l’avoue sans la moindre honte.
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29/08/2009
UN TRIP PEU COMMUN
En plein midi, sur le bas-côté d’une route pourrie qui traverse le désert du Nevada, Neal Cassady est occupé à changer un pneu crevé. Il sue tel un verrat qui termine un marathon derrière un quatuor de truies en chaleur. Un gamin aux cheveux blonds, vêtu d’un costume blanc et d’une cape bleue, s’approche silencieusement de lui, comme sorti de nulle part. Le jeunot lui touche l’épaule. Neal sursaute, essuie la transpiration acide qui lui brouille la vision, hausse les épaules et reprend son travail.
« Bonjour ! lance poliment le blondinet efféminé.
— Hum...
— Je m’appelle le Petit Prince, poursuit le Petit Prince. Et vous, c’est quoi votre nom ?
— Hum...
— Voulez-vous bien me dessiner un coyote en érection ?
— Hum... »
Le pneu neuf est en place. Neal Cassady range la roue inutilisable et ses outils. Il essuie à nouveau la sueur qui lui dégouline le long du visage et du torse. Il reprend place au volant du bus des Merry Pranksters et démarre à fond la caisse. Plus ou moins attentif à sa conduite, Neal pense : « Un coyote en érection ! Et pourquoi pas un mouton à deux queues ?... Je devrais peut-être arrêter le LSD... » Mécaniquement il avale deux nouvelles petites pilules. Dans son dos, ça continue à ronfler pas possible.
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28/08/2009
MISE EN BOÎTE
Zekrov eut l’impression de pénétrer dans un œuf tant la piste était bondée. Un œuf cuit dur. Dans de l’albumen, il se serait faufilé sans trop de difficultés. Vu la compacité de ces corps, fournaises en plein corroyage, il décida d’employer les grands moyens : les décibels couvriraient haut le tympan les cris des ecstasyés.
De sa troussette à outils, il parvint à extirper une aiguille à ravauder les chaussettes en grosse laine, héritage de sa grand-mère. L’aiguille. Les chaussettes faites maison, il y avait longtemps qu’il en avait jeté la dernière paire. Ainsi armé, il se mit à se frayer un passage dans la transe collective, tel un Roland moderne en pleine dessarrasinisation. Tant pis pour les problèmes de séropositivité : il avait une mission à remplir et n’avait jamais failli.
Il finit par atteindre son Graal : le DJ qui officiait tout au fond, torturant des vinyles comme un Sade et un Mengele réunis. Sachant que la tonitruance l’empêcherait de lui parler, il lui tendit une feuille de papier sur laquelle il avait écrit : « Vous avez vingt secondes pour ramener le volume sous les 90 décibels ! » Le génie de la trémousse lui montra le doigt qu’il ne faut pas et retourna à ses platines et curseurs. Zekrov colla discrètement sa grenade sourde sur la paroi que surplombait le grand prêtre et s’en fut à coups d’aiguille à ravauder. À l’extérieur, il rendrait l’ouïe à sa bombinette à champ d’action réduit.
Son employeur, Missions Incompossibles, une firme spécialisée dans les interventions urgentes à la demande de particuliers, serait content de lui, comme toujours.
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27/08/2009
L'AMÉLIORATION
Son détecteur de mensonges était devenu infaillible depuis qu'il l'avait couplé à une guillotine sensible à la plus minime hésitation.
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26/08/2009
LE JEU DE RÔLES
« Pour voir un peu ce dont vous êtes capables, dit le psychomanager aux candidats vendeurs, nous allons faire un petit jeu de rôles. D'accord ?
— Oui, chef !
— Il faut que ça se passe comme dans la réalité. Compris ?
— Oui, chef !
— Sûr ?
— OUI, CHEF !
— Vous, dit-il à un premier candidat, vous serez notre vendeur.
— Oui, chef !
— Et vous, dit-il à un deuxième candidat, vous serez un client mécontent.
— Sans problème, chef ! répliqua ce dernier en enfonçant un couteau dans le ventre du premier. »
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22/08/2009
EFFET INDÉSIRABLE
En panne de Viagra, il avala quelques cuillers d’amidon : il ne voulait pas la décevoir. Le produit n’eut aucun effet sur sa verge de quatre-vingt-six automnes mais ses paroles devinrent si dures que sa jeune maîtresse le quitta définitivement.
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19/08/2009
4. RECHARGER SES BATTERIES AUTREMENT
Un-Grand-Chapeau-Noir-Sur-Un-Long-Visage sort de chez son électrochoqueur. Depuis qu’il a goûté dans son adolescence à ces petits plaisirs électriques, il peut difficilement s’en passer. C’est comme ça qu’il recharge ses batteries et quand elles sont pleines à craquer, ses deux cent cinquante-huit muses toutes accros aux volts et autres ampères rappliquent dare-dare à toute biture !
Un-Grand-Chapeau-Noir-Sur-Un-Long-Visage allonge les pas au bout de ses grandes jambes : il entend dans son dos le galop de ses deux cent cinquante-huit muses et il faut qu’il s’installe le plus rapidement possible devant sa machine à écrire pour noirencrer sur le papier tous les poèmes qu’elles vont lui souffler à l’oreille.
Il aura encore de quoi rendre jaloux Baudelaire qui a promis hier de repasser chez lui aujourd’hui. Bien qu’il ne comprenne pas trop les figures de contrestyle en français, il a préparé une manne de vêtements lavés et séchés la veille au vent sec du Montana. Le tout sera de retrouver le fer.
Ce texte est extrait d'un ensemble de quinze intitulé Un-grand-chapeau-noir-sur-un-long-visage. Il sera repris dans une anthologie consacrée à Richard Brautigan, Banlieue de Babylone. Maître d'oeuvre : Hervé Merlot.
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15/08/2009
LE FRÔLEUR
Durant le carnaval, il suivit de bistros en tavernes un personnage émacié vêtu de haillons noirs, transbahutant une encombrante faux. S’il avait moins bu ce jour-là, il n’aurait pas vilainement crashé sa voiture contre un arbre et aurait pu raconter à ses amis comment il avait frôlé la mort une bonne dizaine de fois.
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14/08/2009
RIVIÈRE POÉTIQUE
Cette croqueuse de mâles noyait tous ses partenaires incompétents dans la petite rivière qui coulait à l’orée de sa propriété. Petit cours d’eau qu’elle appelait familièrement sa rivière de dits amants.
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13/08/2009
ENTREPRISE FAMILIALE
Ses sacs en peau de serpent étaient aussi rares que chers : il n’en produisait pas plus de cinq ou six par an, que de riches gourdes s’arrachaient à coups de dizaines de milliers d’euro lors de mémorables ventes aux enchères. Dans le privé, il avait épousé une véritable vipère et se consolait comme il pouvait avec ses mues.
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11/08/2009
Courts, toujours ! (2)
UN SUPER JOB
Il était si pauvre qu'il ne possédait même pas une sébile pour mendier.
LE RETARD
Il consulta de nouveau sa montre : le train avait maintenant dix minutes de retard. À refaire, il aurait bien pris un oreiller. Le rail sous sa nuque le faisait souffrir.
REPAS DE FÊTE
Lorsque le cours de l’or dégringola au point que la valeur du métal jaune se trouvât réduite à pratiquement rien, le propriétaire de la poule aux œufs d’or s’offrit un excellent bouillon suivi d’un succulent vol-au-vent.
Trois extrait de Courts, toujours !
Recueil inédit de 150 contes élagués
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03/08/2009
RECORD BATTU !
............................................À Alain Sagault
Elle ressuscita le second jour !
(As-tu plus court, Alain ?)
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20/07/2009
BATTRE SON MAÎTRE !
Inconditionnel de Neil Armstrong, il rêvait d’être le premier homme à marcher sur le Soleil. Il s’entraînait ferme en cachette. Dans sa maison, ça sentait partout la couenne brûlée. Heureusement, il avait réussi à se faire sponsoriser par un fabricant de pansements gras.
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16/07/2009
Désiré Maigros
Un épisode inédit de la Saga Maigros, le # 86, est à lire ici…
http://fr.calameo.com/books/00004072549c62c1404fb
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13/07/2009
COURTS, TOUJOURS !
LE BÉBÉ
« Wouiiin ! Wouiiin !
— Il pleure, Maman... Eh ! Il pleure, le bout d'chou...
— J'y vais.......... Et alors, mon bébé... T'as encore soif après tout c'que t'as bu ?... T'as fait la grosse commission ?.......... Même pas...
— Wouiiin ! Wouiiin !
— Qu'est-ce qu'il a à pleurer comme ça ?
— J'en sais rien, moi, Papa... Fais lui des guili-guili, pour voir... Regarde, bébé, Papa est là qui fait des guili-guili......
— Wouiiin ! Wouiiin !
— À mon avis, Maman, il veut autre chose que des guili-guili...
— Je n'sais pas, mais en tout cas, demain, on l'emmène à l'hôpital,
— Wouiiin ! Wouiiin !
— Et je m'fiche pas mal de ce qu’ça va coûter, mais on va la faire enlever…
— Wouiiin ! Wouiiin !
— Cette étiquette Made in Taiwan !
Le défi
« Tu m'auras pas-eu, tu m'auras pas !
— C'est c'qu'on va voir-eu, c'est c'qu'on va voir-eu ! »
La fillette détala en riant, poursuivie par le petit garçon.
« Tu m'auras pas ! cria-t-elle encore en se retournant sur son poursuivant tout en continuant sa course. »
Elle était dans le vrai. Le garçonnet ne l'eut pas mais le semi-remorque, oui.
L’Écœuré
Sommité en chirurgie esthétique, il devint allergique à la fatuité et fut le tout premier à pratiquer la chirurgie-plastic.
Trois extrait de Courts, toujours !
Recueil inédit de 150 contes élagués
Collage de Philippe Lemaire : La réductrice de tête
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11/07/2009
DéBUSQUER PARTOUT LA POéSIE
shougloushouglouglou
roroïroïroïoïoïoïoïoï
zzziiiiiiiîîîîîîîîîîî
Du bruit. Rien que du bruit & plein de trucs dans la bouche, dont des doigts. Pas évident de débusquer la poésie dans un cabinet dentaire... Sauf peut-être chez la dentiste mais je ne m'engagerai pas en terrain inconnu avec une fraise entre les lèvres...
Illustration de Pierre Tréfois.
Extrait de Prises de vies en noir et noir.
À paraître aux Éd. Gros Texte.
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10/07/2009
JIVAROSSERIES
Quatre des cent cinquante contes élagués de Jivarosseries
(Éd. Memor, 2004).
L'ARGENT FACILE
Il avait déposé à la SABAM toute une série de compositions assez répétitives axées sur deux ou trois notes. Sans cesse, il portait plainte. Et, sans cesse, la gendarmerie lui payait des droits pour exécutions publiques non autorisées.
L'ÉGOPHOBE
Le gynécologue diagnostiqua bêtement une fausse couche. En réalité, le foetus se détestait tellement qu'il s'était suicidé dans le ventre de sa mère.
LE PRÉCURSEUR
Il dessina une femme à poil sur le mur. Horreur ! Tollé général ! Il se fit jeter dehors comme un malpropre. Définitivement. Les autres s'échinèrent à faire disparaître toute trace de son oeuvre : la horde de Lascaux avait déjà des principes.
LE SLIP
Ce matin-là, pour se rendre au travail, il se mit un slip de femme sur la tête, un peu comme on porte une casquette. En rue et dans le métro, les gens s’étonnèrent, s’offusquèrent, sourirent ou rigolèrent ouvertement.
Il recommença les jours suivants, imperturbable. La sixième fois, il croisa un autre homme portant le même genre de couvre-chef. Puis, chaque jour, de plus en plus d’imitateurs. Même des femmes coiffées de caleçons.
Après sa vingtième exhibition, il rentra heureux : plus personne ne l’avait regardé comme un extra-terrestre et il estimait à un sur cinq les gens se promenant avec un sous-vêtement sur la tête. Il jeta le slip à la poubelle et éclata de rire : l’humain devenait de plus en plus con !
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09/07/2009
SIGNE DE TÊTE AFFIRMATIF
Il frappa à la porte du bureau du directeur.
— Entrez ! ordonna une voix glaciale.
Il avança jusqu'au bureau, salua le directeur d'un signe de tête et contempla la pointe de ses chaussures.
— Votre conduite est inqualifiable !
Signe de tête affirmatif.
— Tous vos professeurs se plaignent de vous ! Sans exception !
Signe de tête affirmatif.
— Nous vous avions généreusement prévenu !
Signe de tête affirmatif.
— Vous savez ce que le règlement prévoit et ce qu'il vous reste à faire !
Signe de tête affirmatif.
— Soyez heureux que nous vous laissions encore le choix !
Signe de tête affirmatif.
— Exécution !
Il gagna, toujours tête baissée, le réduit attenant au bureau du directeur et en referma doucement la porte. Sur une petite table, une lame de rasoir, un revolver et une fiole de poison l'attendaient.
Extrait de Élagage max…
(Préface de Jacques Sternberg)
Éd. Memor, 2001
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07/07/2009
SUR LE PARKING DE L'HOSTO
Je patiente dans la voiture. Je me roule une cigarette (du tabac Gauloise Caporal) & l'allume. Je me dis que j'écrirais bien un p'tit poème mais il pleut & la pluie ne m'inspire pas. Heureusement pour vous qu'il pleut 3 jours sur 4 par ici !
Extrait de Prises de vues en noir et noir, cent courtes proses illustrées chacune par Pierre Tréfois. À paraître prochainement aux Éditions Gros Textes.
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